Il est vilipendé pour son style de jeu mais fait clouer le bec aux critiqueurs grâce à des résultats hors normes.  Tant pendant la saison qu’après celle-ci il reste le sujet de conversation numéro un.

Un retour invraisemblable sur la scène colombophile.
Ses amis proches le considéraient comme fou lorsque Michel décida de revenir en Belgique avec son épouse et sa fille pour reprendre ses activités colombophiles. 
Il débuta ainsi la saison 2003 avec des pigeons reçus de ses amis Herbots, Oliviers-Devos, W.A. De Bruyn, Dewit Frères et Steven Van Bremen.  Il est évident qu’il ne pouvait pas rater sa rentrée et on connait la suite… Van Lint n’était pas seulement revenu “chez lui” mais aussi revenu “dans le business ».


Premiers succès spectaculaires
La solide société “Obrafo” de Tirlemont fut immédiatement écrasée par son équipe de pigeonneaux, mais les sceptiques pensaient que ce n’était que feu de paille : les jeunes devaient être usés par un programme démentiel et chaque colombier connaît des hauts et des bas car la forme est toujours capricieuse, même si les soins et les pigeons restent identiques.  Tout cela n’était que littérature pour la formidable formation de Zoutleeuw. 


A l’encontre de toute logique
Même s’il n’existe pas de certitudes pour lui, les critiques devaient revoir leur copie par les résultats 2004 de la fameuse équipe de « pigeons usés » furent contraires à toute logique colombophile.  Ceci est flagrant dans les épreuves nationales et semi-nationales :
Semi-nat. Argenton (6.986p: 1-7-9-11-18 etc
Argenton national Yrl.(3.949p) : 3-9-12-24-37-45-46-47
National Argenton Jeunes (23.010p). 13-21-45
La Souterraine- Entente national (3.096p): 1-4-8 etc…
La Souterraine Zone C (1.564p) : 1-2-5-18 etc.
National Vichy (2.460p) : 1-2-9-26-45-46-47.


Pas deux sans trois
Voilà ce que devait penser Michel à l’entame de la saison 2005 et effectivement si 2003 fut magnifique, 2004 encore mieux, 2005 fut la plus belle saison.  On se demande où cela pourrait s’arrêter?  Les éternels critiqueurs pensent peut-être au fameux chant du cygne mais Michel est prêt à relever le défi.  Mais revenons à la saison écoulée caractérisée par une succession de triomphes. 


Départ en fanfare
Cela ne pouvait pas mieux débuter, surtout pour l’équipe des yearlings dès le premier vol de demi-fond.  Au « Petit Club Fleurus », contre 572 yearlings, les prix pleuvaient avec 1-2-3-4-12-14-18-19-21-23-30 et 25 prix de 46 engagés sur Toury.
Même étape la semaine suivante (15/05) avec 1-2-6-13-20-35-48 contre 1191 yearlings. 
Ensuite s’annonça le traditionnel Bourges, la première grande classique que l’on peut comparer à Milan San Remo en cyclisme.  Michel Vanlint ne rata pas ce grand rendez-vous et donna ainsi le ton pour la suite de la saison.

Bourges, le début et la fin
Les visiteurs n’oublieront pas de sitôt cette journée.  Un véritable suspense entoura l’arrivée du premier pigeons rapidement intercepté par l’œil du maître.  Ensuite, ce fut un véritable bombardement.  Ce jour-là, Vanlint est entré dans la légende avec un résultat d’une domination  jamais vue auparavant.  Contre 21.940 yearlings engagés au national, cela donna: 1-5-7-8-9-38 etc… et dans la catégorie femelles : 1-3-4-17-21-45 et 91e !
Un résultat qui fera date dans l’histoire de cette classique!  Quelques mois plus tard, “Barbara” devança à son tour les 32.762 jeunes du convoi de Bourges et donna ainsi un septième succès national à Michel, son épouse et leur file Linda.  En réalité, Michel peut être considéré comme un casino à lui tout seul.  En 3 années à peine, la famille Vanlint a participé à 14 épreuves nationales et a remporté 7 victoires dont deux avec les femelles.
Pas moins de 19 pigeons se classèrent dans le top 10 National et 70 dans le top 100 !

Droit au but
Derrière chaque succès, il existe des causes et, depuis son retour à la compétition, Vanlint est continuellement sollicité pour donner des explications plausibles à ce “Comeback” au plus haut niveau.  Au cours de notre dernière conversation, nous avons remarqué avec quelle circonspection il sort ses paroles, de peur d’utiliser un mot malencontreux.
Il n’est évidemment pas aisé d’écrire un article au sujet de quelqu’un dont on a déjà tant parlé en long et en large dans la presse spécialisée de tous pays.  En réalité, ce fut un dialogue coloré, parfois émotionnel et toujours très franc.


Ecouter, s’étonner et écouter à nouveau.
Rien de neuf, Michel?
Oui et non.  La formation de base n’a pas été beaucoup modifiée, hormis l’apport d’un fils direct du « 231 » Engels Frères.  L’équipe de vol a diminué de deux unités.  Ainsi, un mâle et sa femelle ont été retiré de l’équipe car, malgré de bonnes respectives sportives, le mâle avait trop tendance à aller nicher ailleurs.  J’avais même raccourci sa queue pour lui ôter l’envie de chercher noise ailleurs, mais le problème allait recommencer après la repousse et je ne voulait pas courir le risque de perdre d’autres voiliers.  De plus, j’évite de garder des pigeons qui “aboient” sans raison car ce défaut peut s’étendre à d’autres.  Ce genre d’oiseau perturbe le calme au colombier et provoque trop énervement chez ses partenaires.

En fait, peu de changements, mais comment s’est déroulé l’élevage ?
Chez les éleveurs, le canevas traditionnel a été changé.  Ils furent accouplés fin novembre et leurs premiers oeufs transmis de manière à obtenir 2 couples d’œufs en 25 jours.  Les voyageurs furent remis en ménage comme d’habitude le22/12 et le 2 janvier, il y avait des œufs partout, à l’image de l’année précédente.  Alors, qu’auparavant les femelles déménageaient au colombier des jeunes avec leurs pipants de 10 à 12 jours, cette année elles sont retirées dès que leurs mâles songent à une nouvelle chasse au nid.  J’ai pu sevrer 54 jeunes de mes 31 couples car certains mâles n’ont élevé qu’un seul pipant.  Je dois remercier mon épouse car, après mon absence d’une semaine, l’équipe de pigeonneaux avait belle allure.  J’accepte évidemment de faire des erreurs, de manière à en tirer les leçons adéquates.  Celui qui ne veut rien apprendre stagne et chacun sait que celui qui n’avance pas recule.


C’est évident mais, à l’aube de la nouvelle saison, nos lecteurs aimeraient connaître la préparation de votre équipe de voyageurs.
Comme les années précédentes, le veuvage total a commencé le 19 février avec quelques adaptations.  Je ne peux pas dire que j’ai simplifié les choses.  Ainsi, les femelles s’entraînent avant les mâles.  Elles rentent toujours dans le colombier de séjour pour être alimentées.  Etant donné que j’ai observé que les reposoirs classiques ne conviennent pas tellement aux mâles, j’ai décidé de leur donner un demi casier pendant la journée.  Les reposoirs incitent trop à la bagarre et peuvent ainsi abîmer les pennes.  De plus, les pigeons qui habitent en bas ont souvent tendance à rechercher une position plus élevée et les mâles délogés pourraient ainsi perdre leur joie de vivre.  Par ces changements, les casiers doivent être refermés lors de la rentrée des femelles.  Le rituel est renversé quand les femelles.  Le rituel est renversé quand les femelles retrouvent leur logement et que les mâles doivent être appelés à rentrer.


Est-ce que les femelles ne cherchent pas à s’accoupler à partir de la fin mars ?
Non car elles peuvent revoir leurs compagnons très brièvement une ou deux fois par semaine.  Cela pourrait devenir plus problématique si elles étaient confrontées à un casier ouvert après la volée.  Voilà pourquoi leurs compartiments de séjour ne sont pas plus larges que 8 centimètres. 


L’équipe des pigeonneaux a vraiment belle allure.  Qu’y a-t-il à leur programme au cours des prochaines semaines ?
La dernière semaine de mars, les jeunes ont été vaccinés contre la paratyphose et, en même temps, pour la deuxième fois contre la paramyxo.  Ils ont déjà reçu leur première injection au moment du sevrage.


En nous retournant sur la saison écoulée, qu’est-ce qui vous a procuré le plus de satisfaction ?
Chaque victoire nationale a son charme, mais les deux dernières sur Bourges sont les plus belles car les deux lauréates, Barbara et Bea, ont été élevées dans mes colombiers de Zoutleeuw.  C’est une grande satisfaction vraiment incomparable.

 
Quelles sont les ambitions pour cette saison ?
En dehors du domaine sportif, je sui curieux de connaître le résultat de l’adaptation de 12 couples de tardifs nés en septembre.  Ils seront soumis au même programme que leurs partenaires, ce que beaucoup d’amateurs estiment être de la folie, sans tenir compte des problèmes liés à la mue.  Normalement, ils devraient être sur 3 ou 4 pennes actuellement mais, suite à une intervention réfléchie, je puis vous assurer qu’elles sont déjà tombées.  Je recherche continuellement de nouvelles expériences car cela fait partie de mon caractère.  Si cette intervention ne réussit pas, j’aurai au moins eu le mérité d’essayer, de manière à ne pas rester sur ma faim.


On vous traite partout de sorcier, de magicien et de faiseur de miracles.  Cela vous touche-t-il ?
Tout cela est excessif car les miracles et les forces magiques n’existent pas en colombophilie.  Certains pensent aussi que je pourrais atteindre les sommets avec des oiseaux de moins bonne qualité.  Vanlint deviendrait un amateur comme les autres si la qualité n’était pas présente dans ses colombiers.  Il n’y a pas que dans le monde colombophile que l’on se pose des questions à propos du programme très lourd imposé à mes voyageurs.  J’ai même eu l’occasion de discuter avec un scientifique un peu sceptique mais ses doutes se sont vite estompés lorsque je lui ai démontré que la science est souvent une question d’appréciation.  Ainsi je lui ai révélé que certains de mes voyageurs ne dormaient pas normalement pendant le nuit.  En réalité, ils dormaient comme des hérons, c’est-à-dire sur une seule patte.  Après les avoir observé consciencieusement pendant plusieurs jours, j’ai pu constater qu’ils avaient encore gardé trop de vieux duvet.  Nous en avons discuté d’une manière scientifique et le problème a été rapidement résolu.  Un bon dialogue peut résoudre bien des soucis.

Quels conseils donneriez-vous à un débutant?
Trop de colombophiles érigent leurs colombiers là où ils ont le plus de place ou à l’endroit où l’épouse estime qu’ils accordent le mieux avec la maison.  L’achat d’un nouveau pigeonnier et de pigeons valables demande un sérieux investissement et, au bout d’un certain temps, on doit admettre que les résultats laissent vraiment à désirer.  Bien souvent, l’amateur estime sue ses pigeons ne valent rien alors que c’est lui-même qui a mal orienté ses colombiers.  Pendant ma carrière, j’ai érigé trois colombiers et les prestations y étaient chaque fois excellentes.  Ceci n’est pas le fruit du hasard, d’autant plus qu’ils étaient tous bien orientés à l’est et au sud-est.  Lors de mon retour au pays, j’ai voulu m’installer à Putte et, au bout de longues recherches, j’avais trouvé l’endroit idéal mais il fallait attendre un an avait de pouvoir m’y installer.
Cela n’était pas possible et je suis revenu dans la région de Tirlemont, à Zoutleeuw précisément.  J’ai remarqué une maison où l’ancien atelier était parfaitement situé.  L’entrée du colombier des vieux est orientée à l’est sud-est et celle du colombier des jeunes exactement au sud-est.  Etant donné que l’urbanisme ne m’a pas autorisé à étendre davantage mes installations, j’ai pris la décision de m’y adapter en choisissant le système de jeu du veuvage total.  Si vous placez des bons pigeons dans un mauvais colombier, vos résultats resteront décevants.  Récemment, j’ai rendu visite à un amateur allemand peu satisfait de ses prestations trop irrégulières.  Dès que je suis sorti de ma voiture, j’ai compris ce qui n’allait pas : ses colombiers étaient tout simplement orientés vers le nord.

En fait, la réussite dépend de nombreux facteurs.  Je n’ignore pas que vous attachez beaucoup d’importance à la motivation, un mot souvent utilisé à tort et à travers, non ?
La motivation est une arme à double tranchant.  Un peu de psychologie animale est nécessaire pour en déterminer les limites.  Trop de motivation aboutit à l’énervemen,t et au stress.  En fin de saison, Eric Limbourg me signala que 3 de ses pigeons restaient en course pour l’as-pigeon national et Souillac était encore programmé.  Seulement, ses pigeons étaient devenus trop légers.  Je lui ai signalé qu’ils étaient trop motivés, trop jaloux, trop ardents et qu’ils en oubliaient de manger.  Eric a pu rétablir la situation en les calmant et en les nourrissant 3 à 4 fois par jour.  Le rapport entre l’amateur et ses favoris est essentiel./  Ils doivent revenir à la maison pour vous-même.  Lors du dernier Bourges, Barbara remporta la victoire avec 4 secondes à peine d’avance.  Pourtant j’attendais d’abord les vieux pigeons mais elle tomba pratiquement à côté de mon épaule et entra directement dans le colombier des vieux, d’où sa victoire nationale.  Personne ne pourra empêcher de penser que ma lauréate de Bourges est revenue pour moi grâce à un lien qui existait entre nous deux. 
Chers lecteurs, nous espérons que cet entretien avec “Mister Michel” fera disparaître certains malentendus.  Merci, Michel, pour vote sincérité et votre franchise.  Tout un chacun est avide de savoir, de préférence en exclusivité.

 Texte : Theo Ceulemans "De Reisduif"